Avec la parution de son dernier livre Un Viol ordinaire, Janette Bertrand, célèbre autrice et féministe âgée aujourd’hui de 95 ans, met en lumière une notion trop souvent ignorée : celui du consentement au sein du couple. Pourtant, la grande majorité des agressions sexuelles dont les femmes sont victimes ont lieu dans leur propre chambre à coucher et sont commises par leur partenaire. Pas dans une ruelle sombre. Pas par un inconnu.
La notion de viol conjugal demeure un sujet tabou. Plusieurs considèrent que le fait d’être en couple équivaut à un consentement implicite, ce qui est absolument faux. Le consentement peut être retiré à tout moment, même à l’intérieur d’une relation. Nombre de femmes ont vécu des agressions sexuelles de la part de leur partenaire, sans toutefois les nommer comme tel. Voir la personne qu’on aime comme un agresseur est troublant. Elles préfèrent souvent endurer la situation plutôt que de déplaire à leur partenaire et de compromettre leur relation.
Tout comme pour la violence conjugale (qu’elle soit physique, psychologique, verbale, etc.), les victimes préfèrent excuser ou banaliser le comportement de leur partenaire, même si elles en souffrent. Voici quelques situations (malheureusement trop courantes) que vivent les victimes d’agression sexuelle par leur conjoint :
- Le partenaire presse sa conjointe d’avoir un rapport sexuel alors que celle-ci ne veut pas. Malgré que celle-ci lui fasse part de son objection, il continue de demander et finit malgré tout par forcer la relation sexuelle.
« T’es trop belle. Je t’aime trop! »
- Le partenaire insiste pour pratiquer un geste sexuel qui ne plait pas à sa conjointe. Malgré les réticences et résistances de cette dernière, il banalise le geste et procède à l’agression.
« Ben non, mon amour, laisse-toi faire. Détends-toi. »
- Le partenaire profite du sommeil de sa conjointe pour avoir un rapport sexuel. La victime n’a jamais pu offrir son consentement.
« J’ai pas pu me retenir. »
Ce type de comportement est plus fréquent qu’on ne le croit au sein d’une relation de couple. Le partenaire ne se voit pas comme un agresseur puisqu’il aime sa conjointe et ne prend pas conscience qu’il dépasse les limites de celle-ci. Comme si, au sein d’un couple, tout est permis parce qu’on s’aime. Comme si, parce que sa conjointe ne crie pas et ne se débat pas, il n’y a rien de grave. La victime, même si elle ressent de la honte, de la tristesse ou de la colère, préfère ignorer ses propres sentiments au profit des pulsions de son partenaire.
Le viol conjugal est un geste banalisé qui doit cesser.